Interviews croisées

La Championne et le Photographe

À l’initiative de l’Atelier Média, Stéphane Dubromel, auteur photo journaliste de talent, prépare une exposition qui met en valeur la boxe, à travers le portrait d’une carvinoise championne de cette discipline. Avant que le reportage ne commence, le Mag. C les a rencontrés pour vous.


LAETITIA, UN PARCOURS EXEMPLAIRE


Laetitia chevalier, boxeuse de haut niveau, native de Carvin, a suivi un itinéraire qui inspire le respect. Cheveux châtain clair, regard bleu vif, ce petit gabarit de femme (classée dans la catégorie des super légères) se présente comme elle est : une forte personnalité entière et sans détour, qui entre facilement en contact. Quand, au milieu d’une phrase elle sourit soudain, c’est toute sa physionomie qui s’éclaire et révèle une femme épanouie. Pourtant, son histoire aurait pu tourner court.

MaG.C : Comment avez-vous commencé la boxe ?

L.C : « Presque par hasard et j’ai eu une sacrée chance ! J’ai dû me débrouiller toute seule assez jeune. J’avais la rage, et ce n’est pas que je n’aimais pas l’école mais je me battais tout temps, j’avais des ennuis, je n’étais pas bien dans ma peau et à deux doigts de mal tourner » se souvient-elle.

« Un soir - j’avais 13 ans - et je traînais du côté de la salle de sport Cordier, à Carvin. Je suis entrée. Il y avait un cours de boxe américaine. Personne ne m’a dit de partir. Puis un entraîneur m’a proposé de faire un essai. Ça a été une révélation. J’ai tout de suite aimé ce sport. Il n’y avait presque pas de filles au début mais pas de problème. Il y avait du respect. C’est là que j’ai commencé ma formation. Grâce à Philipe VanColly et Gilles Broche, qui ont toujours cru en moi. »

À partir de ce moment, l’adolescente ne cessera de progresser dans sa discipline et de remporter des victoires, en combat mais aussi sur elle-même.

L.C : « J’ai appris à canaliser mon énergie et à trouver confiance en moi et équilibre. J’ai construit ma vie, avec les valeurs qui me correspondent et qui me viennent de la boxe. »

MaG.C : C’est-à-dire ?

L.C : « La persévérance, entre autre. Si la vie est difficile, alors il faut se battre, croire en soi, ne pas renoncer, avoir envie de vivre ses rêves, tout faire pour y arriver. Parce que quand ça arrive c’est un bonheur incroyable ! »

MaG.C : Votre meilleur souvenir ?

L.C : « Mes trois titres de championne de France amateur en 2011, 2012 et 2013. Et ce n’est pas fini j’ai encore d’autres rêves. »

MaG.C : Pour terminer, que pensez-vous de ce projet d’expo ?

L.C : « Je suis à la fois surprise, flattée, et très curieuse du résultat. Ça me donne envie aussi de découvrir davantage le domaine culturel et de transmettre mon expérience, auprès des jeunes par exemple. »

Vingt ans ont passé depuis ses débuts. À 34 ans, si elle s’est apaisée, Laetitia Chevalier est toujours pleine d’énergie. Elle partage son temps entre sa vie de mère (son fils Mathias a 8 ans), de boxeuse, d’animatrice sportive, de coach, et de femme. Depuis un an, elle est passée professionnelle et a déjà en tête de nouveaux challenges. Pour l’heure, les entraînements ont repris au club héninois auquel elle est désormais affiliée. Alors, rendez-vous au prochain Trophée ?


STÉPHANE, UNE DISTANCE RESPECTUEUSE


Stéphane Dubromel est originaire de Picardie où il nait en 1980. Après des études culturelles et une spécialisation en théâtre, il s‘engage dans le journalisme comme correspondant sportif, avant de gravir les échelons de la presse locale en tant que journaliste rédacteur.

MaG.C : Qu’est ce-ce qui vous a amené au photo journalisme ?

S.D : « Une envie très forte de raconter les histoires autrement. Le stylo ne me suffisait plus. Mais c’est un reportage sur des ouvriers de l’usine Continental et ceux de la raffinerie Total dans le Nord qui me lance concrètement. Ce travail sera lauréat d’un prix de jeune journaliste du club de la presse Nord – Pas-de-Calais »

MaG.C : Vos sujets sont variés avec une dimension sociale importante. Comment les choisissez-vous ?

S.D : « Cela dépend : souvent il s’agit de commandes, parfois très précises, mais je peux partir d’une idée ou d’une envie personnelle sur un sujet particulier. Dans ce cas, comme j’en vis, il faut trouver un média qui veuille publier le reportage explique le photographe. Mes thèmes de prédilections abordent l’humain au sens large, dans sa vie quotidienne, ses luttes, ses doutes, ses fragilités. Je travaille volontiers avec des appareils qui me permettent de garder du champ entre mon sujet et moi, pour ne pas être trop intrusif. »

Depuis 2009, Stéphane Dubromel développe une démarche alliant approche esthétique et cohérence journalistique. « Parce qu’une seule image peut dire beaucoup. »

À Travers ses photographies -légendées ou pas- se révèle un regard profondément humaniste. Les tonalités plutôt douces, sa manière de rendre l’espace à la fois respiration et distance, apportent une note parfois un peu mélancolique et beaucoup de retenue aux différents thèmes, ou sujets qu’il traite. Nominé aux prix AJIS et Scoop Grand Lille en 2011, ses travaux sont publiés dans : Le Monde, Libération, Ça m’intéresse, Ouest-France édition du soir, l’Humanité, l’Obs., la Croix, etc.

MaG.C : Comment allez-vous aborder le sujet « Laetitia Chevalier » ? Suivez-vous un plan pré établi ou travaillerez-vous « à l’instinct » ?

S.D : Laetitia me semble quelqu’un de très nature. Je vais la suivre tout simplement dans sa vie de boxeuse, mais aussi dans son quotidien de femme et de mère. Ce sera plutôt un mélange entre une idée générale et un découpage selon la « couleur » du moment.

INFOS PRATIQUES

Une championne sur et en dehors du ring

Du 3 au 31 décembre 2016 à l'Atelier Média de Carvin • Entrée libre • Tout public.

Exposition visible aux heures d'ouverture de la médiathèque : 10h00-13h00 et 15h00-18h00 sauf jeudi et dimanche.

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