Henri Sougey

Un autodidacte devenu Maire

S’il est bien un homme tombé injustement ici dans les oubliettes de l’Histoire, il s’agit assurément d’Henri SOUGEY, ancien Maire de Carvin et poète émérite. Aucune voie, aucune place, aucun bâtiment ne porte aujourd’hui son nom dans notre commune !

D’extraction modeste, autodidacte, il a eu le mérite de gagner peu à peu ses galons à Carvin et dans son canton, au point d’en devenir le premier magistrat et le Conseiller Général. Maire, il a porté à son faîte les valeurs de bravoure et de patriotisme pendant le premier con!it mondial par une conduite héroïque face à l’occupant allemand ! Oui, Henri SOUGEY était de la trempe de ces grands élus locaux de la IIIème République !

Né le 12 janvier 1857 à Melun, en Seine-et-Marne, Henri Sougey n’aura cesse de vouloir apprendre et deviendra négociant, fonction qui le conduira à voyager, en particulier dans le Pas-de- Calais, à une époque où l’exploitation de la houille battait son plein et où le chemin de fer continuait à étendre sa toile sur le territoire français, favorisant les échanges de toute nature, commerciale comme sentimentale, ou les deux à la fois.

C’est probablement ce qui a amené Henri SOUGEY à connaître l’âme soeur à Carvin. Le 16 septembre 1889, il y épouse Aurélie DELISSE, dont il n’aura pas d’enfants.

En 1906, on le retrouve marchand de chaussures, de paniers et de louches en bois, logeant alors, comme en 1911, chez sa belle-mère, Alexandrine DUMONT, rue THIBAUT, puis il demeura en 14-18 rue d’Arras, où sa maison avait été réquisitionnée comme tant d’autres Carvinois par les Allemands.

Henri SOUGEY ne cessera de s’impliquer ici dans le milieu associatif notamment, où il gagnera en notoriété, en particulier comme secrétaire général de l’office départemental des pupilles de la Nation et secrétaire de l’Harmonie Municipale. A ses heures perdues, il aimait aussi s’adonner aux plaisirs de l’écriture, composant à la fois de nombreux poèmes, publiés de 1883 à 1890, et auxquels allait sa prédilection, mais aussi des fables, telles « Le renard et le dindon », qui le feront passer aussi à la postérité.

Du mouvement associatif, il se lancera à la même époque dans le mouvement politique, au sein du parti radical-socialiste, inspiré peut-être par de grandes figures de ce mouvement comme Georges CLEMENCEAU et Edouard HERRIOT. Bien que radical-socialiste de formation, Henri SOUGEY ne s’interrogeait pas moins sur l’existence de Dieu, lui rendant hommage dans son poème éponyme, déclarant même en conclusion de ce dernier que « si celui-ci existait, il ne fallait pas le craindre ».

Chantre de la paix, il appellera tous les hommes à fraterniser, à l’instar de Jean JAURES, son contemporain, dans son « Invitation à la paix ».

Pleinement investi dans le monde associatif et politique, Henri SOUGEY sera élu Maire de Carvin de 1908 à 1919 et Conseiller Général pendant 25 ans, la députation qu’il ambitionnait lui ayant échappé à cause du premier conflit mondial, marqué ici par de nombreux bombardements et par une dure occupation allemande à laquelle notre homme fit face avec héroïsme.

Le 07 octobre 1914, les Allemands entraient en effet dans Carvin, installant d’emblée un climat de terreur qui sera marqué par l’exécution le 09 octobre de quatre civils, extérieurs à la commune et qui n’avaient pas respecté le couvrefeu, puis par le saccage de l’Hôtel de Ville, situé dans l’ancien tribunal. Les portraits des Présidents de la République y avaient été piétinés et la mairie transformée en écurie, comme l’église Saint-Druon, l’entretien étant laissé par les Allemands à la charge de la commune, chose à laquelle ne put se résoudre Henri SOUGEY qui déclara alors « Ils ont tout saccagé, ils nettoieront tout », phrase qui aurait pu lui coûter cher. Le reste de la guerre, il aménagera son bureau dans la maison du concierge, Monsieur CUVELIER, située à l’arrière et rasée depuis. Il se battra enfin avec l’occupant afin de réduire les contributions de guerre trop élevées demandées par celui-ci à la population et signera en 14-18 force arrêtés municipaux appelant notamment la population au calme et prescrivant les mesures à prendre en cas d’attaque.

Henri SOUGEY cessera ses fonctions en décembre 1919, remplacé par le socialiste Marcel PAGET, et il recevra un an plus tard la Légion d’Honneur du préfet du Pas-de-Calais pour son attitude exmplaire pendant la guerre notamment. Il décédera le 15 février 1919 à l’âge de 72 ans, déclaré alors “ archiviste aux mines ”.

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