ACTION SOCIALE

Indispensable(s) solidarité(s) !

A Carvin, ces indispensables solidarités qui fondent la cohésion sociale et le vivre ensemble sont animées par de nombreux bénévoles du monde associatif ainsi que par la ville, à travers le C.C.A.S. L’aide apportée répond d’abord à une situation d’urgence. Ensuite vient le temps de l’accompagnement pour que cette urgence ne se prolonge pas. On parle alors de solutions durables.

Daniel, Moghnya et Stéphanie* : tous trois ont des profils très différents mais tous ont franchi la porte du C.C.A.S. en raison de leurs difficultés. Pourtant, l’un est retraité, une autre est salariée, la dernière est mère au foyer, son mari, ouvrier dans le bâtiment. Bien loin de certains stéréotypes qui voudraient que l’aide revienne toujours aux mêmes. Ils ont accepté de parler de leurs coups durs, de l’accompagnement qu’ils reçoivent pour se sortir de cette mauvaise passe. Pour changer les regards, pour que d’autres osent franchir le cap, avant que les difficultés ne s’installent.

Rencontres au cœur des solidarités.

UNE HISTOIRE DE SÈCHE-LINGE QUI TOMBE EN PANNE


L’histoire de Stéphanie* et de son mari pourrait être celle de beaucoup d’autres. Elle élève ses deux enfants, son mari est quant à lui ouvrier dans le bâtiment depuis une quinzaine d’années. Un emploi qui met la famille à l’abri du besoin. Une famille qui s’accorde des sorties, quelques jours de vacances par an. Qui vit sans chichi mais qui vit bien. « En septembre dernier, mon mari a eu un accident sur un chantier qui l’a cloué au lit pendant des semaines. Il a dû subir une opération, il fait encore de la rééducation… bref incapable d’exercer son métier à l’heure actuelle ! Avant que la Sécu ne reconnaisse qu’il s’agissait d’un accident de travail, il était en arrêt et ne touchait plus que la moitié de son salaire ».

Avec les problèmes de santé, la galère financière. Surtout qu’elles se sont enchaînées. Les prestations de la C.A.F. qui baissent (car basées sur le revenu de 2014), mais le loyer qui ne bouge pas lui. Une prime d’activité versée par erreur… et le montant réclamé deux mois plus tard. Trop tard !

L’entreprise du mari met la clé sous la porte en avril. Et le sèche-linge tombe en panne ! La série. « C’est une assistante sociale du département qui nous a conseillé de nous rapprocher du C.C.A.S. Dans un premier temps, nous avons reçu une aide d’urgence sous forme de bons alimentaires. Et depuis février, nous pouvons aller à l’épicerie solidaire ».


UN NOUVEAU MODE DE CALCUL PLUS OUVERT
BASÉ SUR LE MONTANT DU RESTE À VIVRE


Comme Stéphanie* et son mari, le profil des usagers du C.C.A.S. a changé. Davantage de salariés, de retraités ou de personnes en attente d’ouverture de leurs droits aux indemnités chômage font appel à ces services.

Un élargissement des bénéficiaires de la solidarité rendu possible grâce à l’adoption d’un nouveau règlement en avril 2015 : « On ne regarde plus le niveau ni la nature des revenus mais le montant du reste à vivre à la fin du mois, par exemple le salarié qui rencontre des difficultés », explique Joël Ferri, directeur du C.C.A.S. de Carvin. « Chaque situation est étudiée au cas par cas, il est important de vérifier que les choix budgétaires de chaque demandeur soient cohérents et le besoin justifié. Nous avons complètement éclaté la logique de cases qui rendait nos services inaccessibles pour certaines personnes, car ‘au-dessus’ des barèmes. Cela créait forcément un sentiment d’injustice, de frustration ».

Cette rénovation dans les conditions d’octroi des aides sociales facultatives permet d’accompagner des foyers pour qui les solutions n’existaient pas auparavant. En effet, plus de la moitié des nouveaux usagers du C.C.A.S. sont retraités, en arrêt maladie, percevant des indemnités chômage, voire salariés.

C’est le cas de Moghnya, 48 ans, secrétaire dans un établissement scolaire. Seule pour élever ses deux adolescents, son contrat de 24h/semaine ne suffit pas pour faire face à tous les frais de la famille. « A la suite d’un entretien avec une conseillère au C.C.A.S., il s’est avéré que je pouvais avoir accès soit aux colis alimentaires des associations(Secours Populaire ou la Bonne action), soit à l’épicerie solidaire. J’ai opté pour cette solution. Depuis, c’est une vraie bouffée d’oxygène ! Je ne pensais pas pouvoir en bénéficier alors que je travaille ! Là-bas, il y a tout ce qu’il faut, le personnel est super accueillant, agréable ».


RECEVOIR ET DONNER À SON TOUR : LA RÉCIPROCITÉ CIVIQUE


Le renouvellement de la solidarité passe enfin par l’adoption depuis peu du principe de réciprocité civique. « Pour que chacun contribue à son niveau au bien vivre ensemble et à plus de solidarité, pour chaque octroi d’aide, une activité citoyenne est sollicitée. L’occasion de créer du lien social, de prendre soin des autres ou encore d’accorder du temps à la vie collective. L’éventail est suffisamment large pour offrir en retour sa solidarité et faire en sorte que l’expérience soit enrichissante : soutien aux activités intergénérationnelles, entretien des espaces naturels comme le Tour d’Horloge, aide à l’organisation des manifestations de ville comme le repas dansant des aînés... », conclut Joël Ferri.

* Stéphanie : prénom d’emprunt

UN REGARD À 360°
POUR MIEUX COUVRIR LES BESOINS


Depuis l’adoption du nouveau règlement, le C.C.A.S. de Carvin, le Secours Populaire, la Bonne Action et l’épicerie solidaire PACTE 62 travaillent désormais main dans la main. Le C.C.A.S. centralise d’abord l’essentiel des demandes d’aides et facilite l’orientation vers la solution la plus adaptée. « En mutualisant les aides, ça limite aussi les dérives… et nous parvenons à satisfaire de nouveaux besoins. Tout le monde y gagne ! », note Ghislaine Pinte de la Bonne Action. Lorsque le choix se porte sur l’épicerie solidaire (Harnes, Hénin-Beaumont et Libercourt), un budget d’achat est défini par le C.C.A.S. en fonction de la composition du foyer.

Reste à la charge du bénéficiaire 20% du montant total des achats en caisse. Mais si l’aide alimentaire soulage la difficulté, d’autres solutions existent pour améliorer durablement chaque situation. Lors de l’entretien qui permet de vérifier les aides mobilisables, le travailleur social balaye toutes les pistes envisageables : ouverture des droits (prime d’activité), ateliers pour savoir comment mieux maîtriser son budget, accompagnement lorsque le logement n’est pas décent ou énergivore, accès à une mutuelle adaptée aux besoins et à tarif attractif, accompagnement sur un bilan de santé avec l’institut Pasteur…

Pour Moghnya, c’est grâce à une séance de coaching sur l’énergie faite au C.C.A.S. qu’elle a pu faire de belles économies : « sur leurs conseils, je suis partie en mensualisation, je suis bien plus tranquille maintenant. J’ai aussi fait plus attention, à tel point que j’ai eu des remboursements sur mes factures de gaz, d’électricité et d’eau ! ».

Quant à Daniel, 70 ans retraité de l’industrie automobile, c’est l’accompagnement dans le montage d’un dossier de surendettement qui lui a permis de voir une issue à ses difficultés : « Je touche une retraite, je paye des impôts, un loyer, une mutuelle, un remboursement de prêt fait il y a plusieurs années… c’était ric-rac mais je m’en sortais. Quand ma voiture est tombée en panne, j’ai souhaité en racheter une d’occasion… j’ai fait un prêt à la consommation. Mais la voiture a nécessité rapidement des frais, donc de nouvelles dépenses. C’est à ce moment-là que tout s’est enchaîné et que je n’ai plus réussi à faire face. Heureusement qu’un ami m’a dit d’aller au C.C.A.S. pour dépatouiller tout ça, sans quoi, je ne sais pas comment j’aurais fait ! ».

Plus d'infos :

Mots clefs

//