MaG.C : Le sujet d’Occident est très actuel et assez sombre. La plupart de vos pièces évoquent des questions sociales (la souffrance au travail, le racisme, par exemple). Vous considérez vous comme un artiste engagé ?

R.D : Je ne dirais pas cela, non. Je me nourris de ce que je vois, de ce qui m’environne, je réagis à ’époque dans laquelle je vis et je pars de ce qui me touche.

J’ai écrit Occident il y a dix ans. À ce moment, on ne parlait pas de « ce sujet » avec les mêmes mots. On trouvait ma pièce juste « de mauvais goût ». Ce que j’ y décris a pris aujourd’hui une vraie acuité.

MaG.C : On rit beaucoup dans occident. Est-ce la mise en scène, le jeu, ou votre écriture ?

R.D : C’est évidemment un caractère qui traverse une grande partie de mes textes et c’est aussi le reflet de mon propre humour, plutôt caustique. Au-delà d’une défense face à la dureté du monde L’humour c’est la mise à distance. Il agit comme un filtre critique autant que comme un moyen de désamorcer.

Le metteur en scène et les deux comédiens exploitent ici cette veine d’une manière qui me plait.

MaG.C : Les injures fusent dans cette pièce. Est-ce une forme de provocation ?

R.D : Non, ni d’ailleurs une volonté de choquer. C’est l’expression d’une violence, qui n’est pas seulement la leur.

Comment écrivez-vous ?

R.D : D’abord, j’écris sur commande, c’est ma source de revenu ! Quelquefois pour des comédiens, mais la plupart du temps pour des metteurs en scène.

On me commande un type de texte et je choisis le contenu. Je mets parfois longtemps à commencer, mais j’écris plutôt vite, comme pour Occident, rédigée sous le coup d’une pulsion très forte, en à peine un mois.

Avez-vous des projets en cours ?

R.D : Oui, une pièce qui devrait voir le jour en 2017 dont le texte est terminé et tourne autour de Kinshasa, au Congo, où je suis parti quelques temps.